Philippe Baudelocque

Un artiste dans notre établissement

« Philippe BAUDELOCQUE en résidence artistique »

 

Phillippe Baudeloque est un artiste français né en 1974. Il vit et travaille à Yerre, en banlieue parisienne. Il a fait des études artistiques (les Arts Décoratifs, à Paris) mais s’il a toujours eu le goût pour le dessin, il a decidé assez tardivement de faire ce métier d’artiste. Cela fait 20 ans qu’il dessine. Il s’est mis à dessiner sur les murs après qu’un ami lui a conseillé de se lancer sur un grand mur noir qu’il avait remarqué dans la rue.

Depuis, il réalise, entre autres, des œuvres monumentales, en noir et blanc à l’aide de craies grasses qui sèchent au bout de 3 jours. Ces pastels gras sont entièrement bio (huile de noix + pigments naturels). L’artiste puise son inspiration autant dans les arts premiers que dans l’imagerie scientifique.
Il a réalisé plusieurs dessins pour de grands musées comme le Palais de Tokyo, à Paris, ou un temple à Kyoto, au Japon.
Ses dessins le font voyager à travers le monde entier où il est invité pour partager son art, dessiner des animaux et dialoguer avec l’architecture, sur laquelle se déploient ses grands motifs.

 

À l’EREA Toulouse Lautrec : Quand il est venu se présenter dans nos classes, à la rentrée, il nous a expliqué son parcours, ses études, et Mme Legault nous a montré des images de ses travaux. “Ses dessins précis nous fascinent car on a envie de voir tous les détails et comprendre” (Flavian, 5e2). “Ça donne à réfléchir” (Nourymen, 5e2).

Il réalise des œuvres en ce moment même sur les murs de l’EREA ! Nous le voyons travailler consciencieusement et minutieusement pendant les récréations, sur le temps du déjeuner et quand nous allons lui rendre visite avec nos professeurs. “Un midi j’ai même mangé avec lui !” (Pierre-Louis,4e3). Il nous explique que nous sommes “dans son atelier” !

Quand il dessine, il y a plein de gens qui viennent autour de lui : des élèves mais aussi des adultes (éducateurs, personnel de cuisine et de santé…) Les gens disent : “Oh c’est magnifique ce que vous faites !” et ils se mettent à se parler entre eux. Il répond à toutes nos questions avec beaucoup de patience et de gentillesse. Les gens aiment lui parler et lui poser des questions. Le temps du dessin semble être pour lui un temps de partage car il nous accueille au gré de nos allers et venues, sans s’arrêter de tracer. Il nous répond et se répéte probablement aussi !

On a l’impression de bien le connaître et qu’il fait partie de l’établissement depuis toujours” (Youcef, 5e2). Les gens le saluent comme un collègue. Sa silhouette à la chemise couverte de craie, frôlant les murs ou perchée en haut de son échelle, est familière, chaleureuse et reposante. Quelle que soit l’agitation autour de lui, il poursuit son oeuvre avec la même concentration. Il semble être sur une autre fréquence, loin de notre agitation. Dans son univers tout est calme. Il nous laisse entrer un peu dans son monde par les fenêtres qu’il trace sur nos murs, et il fait entrer l’Art dans l’établissement. “C’est comme si en venant au collège on allait dans un musée, sauf que le musée c’est notre établissement !” (Gabriel, 5e3).

Il a déjà tracé un dessin près de l’infirmerie qui reprend un photomontage de Maurice Guibert, M. Toulouse peint M. Lautrec, réalisé vers 1891 : c’est une citation du photomontage en noir et blanc. Le double portrait de Toulouse Lautrec, dessiné par Philippe Baudelocque, est recouvert de petits graphismes, comme des particules lumineuses en suspens qui semblent représenter l’air que nous respirons. Cela donne de la profondeur à l’image.

KW320842 Double portrait of Toulouse-Lautrec, from ‘Toulouse-Lautrec’ by Gerstle Mack, published 1938 (b/w photo) by French Photographer, (19th century); black and white photograph; Private Collection; (add. info.: Henri Marie Raymond de Toulouse-Lautrec (1864-1901); French artist); Ken Welsh; French, out of copyright

 

Sa technique : il trace d’abord de grands rectangles noirs sur les murs intérieurs de l’établissement à l’aide d’un rouleau et d’un large ruban adhésif, puis il passe 2 couches de peinture noire avec un gros rouleau pour obtenir un noir opaque, mat et profond. Nous avons choisi les lieux avec lui, en fonction de l’éclairage (naturel ou artificiel), du cadrage, du lieu de passage et du point de vue. Certains formats englobent une porte de classe; c’est comme si nous pouvions entrer dans l’image !

Il reporte sur le mur le tracé rapide d’un croquis qu’il prépare en amont. Puis il recouvre ce tracé de motifs improvisés à main levée.

Eloïse (3e4), qui s’entraine depuis des semaines à réaliser des graphismes, a eu le privilège de s’essayer sur la grande fresque sous l’œil bienveillant de l’artiste. La semaine prochaine ce sera Hamed (3e3) !

Ces graphismes nous font voyager dans l’image et dans l’espace : autant dans l’infiniment grand (représentation de galaxies imaginaires) que dans l’infiniment petit (vision de cellules observées au microscope). Il y a le grand tracé de l’animal et à l’intérieur, le regard se perd dans un labyrinthe de formes qui se répètent, se répondent, se dédoublent… et nous hypnotisent !

La craie est un matériau a priori fragile, comme les êtres qu’il dessine. Pourtant, après 3 jours de séchage, la matière se fige et le dessin gagne en résistance. Il devient pérenne.

Nous lui avons demandé s’il pourrait faire une chouette, il a répondu qu’il n’y aurait pas la place pour une chouette entière, près de la salle de techno, mais qu’il pourrait faire la tête” explique Paul, 5e2, soulagé.

La plus grande fresque de l’établissement est celle à côté de la salle des personnels. Ce qui représente 3 jours de travail et 6 craies blanches ! C’est aussi le plus grand format qu’il ait réalisé, hormis une panthère de 4m de haut, située dans le 10ème arrondissement, à Paris.

Ce qu’il crée ici est un condensé de ses meilleures réalisations, la synthèse de ses années d’expérience, le concentré de son oeuvre ! Nous avons le privilège de le voir prendre forme sous nos yeux.